A voir ce papier : Seine-et-Marne : Yoan quitte l’Education nationale pour devenir artiste de cabaret

Comment passe-t-on d’instituteur à artiste de cabaret ? C’est le parcours atypique de Yoan Jacquet. A 33 ans, il a décidé de tout plaquer pour vivre son rêve de gosse : monter sur les planches du Royal Palace de Kirrwiller, en Alsace.  

Enseignant depuis 2014 en Seine-et-Marne, Yoan Jacquet a exercé une première année à Magny le Hongre, avant de devenir remplaçant dans le Nord Seine-et-Marne, principalement à Lagny, Meaux et Val d’Europe Agglomération. Il a habité tour à tour Lagny, Serris, avant de s’installer à Crécy-la-Chapelle.

En classe, il apprend le français et les mathématiques aux enfants. Son métier lui plaît mais il a soudain « besoin de plus ». Le Covid lui donne l’élan nécessaire :

Dans cette phase de « rien », j’ai eu envie de revenir à l’essentiel, à ce que j’aime : l’art ! Je me suis dit que j’allais tenter le tout pour le tout et me lancer en tant que professionnel.

Il tombe alors sur une annonce de casting du Royal Palace de Kirrwiller, en Alsace. Sa candidature en ligne interpelle, il est appelé pour un casting et retrouve une coach qu’il a connue il y a plusieurs années, Jasmine Roy, aujourd’hui directrice du casting au Royal Palace.

Il est retenu sur liste d’attente, on lui demande d’envoyer un autre titre imposé et c’est celui-ci qui fera la différence : Yoan est engagé, Jasmine Roy lui dira : « Tu es prêt, on peut y aller ! » Yoan entamera la nouvelle revue « Frénésie » le 2 septembre 2022, les répétitions commencent le 12 août.

C’est une incroyable opportunité, c’est très important pour moi !

De Hypokhâgne aux planches d’un cabaret

Cet instituteur de 33 ans a un cursus insolite : il commence par une année d’Hypokhâgne en philosophie, un désir de devenir professeur est déjà bien présent. Il enchaîne pourtant avec un Master en marketing commercial, pour se destiner à une carrière qui subira quelques virages, parce que depuis tout petit, Yoan est un artiste !

Dans son petit village du Poitou, à Vendeuvre-du-Poitou (renommé depuis Saint-Martin-la-Pallu), Yoan a 10 ans lorsqu’il crée sa troupe, assisté d’une animatrice de la MJC du coin, car il est alors mineur. Liberty Mix va lui donner l’occasion de chanter, danser et jouer la comédie en autodidacte. A 13 ans, il intègre le Conservatoire, y reste 6 ans et en sort avec son diplôme de fin d’études en danse et musique, le DNOP (Diplôme National d’Orientation Professionnelle en Danse et Musique). Majeur, il prend alors le lead de Liberty Mix et continue à se produire dans sa région.

Enregistrer à Paris

Alors qu’il exerce un job d’étudiant au Futuroscope de Poitiers en tant que barman, le jeune homme est recruté pour participer à l’émission Pop Job sur Virgin 17, pour un battle de chant. Le tournage a lieu au domaine de Chantilly (Oise), Jasmine Roy et Edouard Thiébaut sont les coachs vocaux, Redha est à la chorégraphie, Matthieu Gonet au piano. Le jury est prêt, Yoan « combat » sur Proud Mary de Tina Turner et Ease on down the road, chanson tirée du Magicien d’Oz et reprise par Mickael Jackson. Il va jusqu’en finale où il perd, mais il a pris goût au monde artistique parisien, il a fait des rencontres. Jasmine Roy lui dit « Tu es encore jeune, on se reverra ! »

Yoan veut terminer son cursus, il rentre à Poitiers pour entamer son Master et deux ans plus tard il est embauché à Disneyland Paris en tant que responsable approbation des produits. On est en 2012, mais l’artiste n’a pas oublié sa passion.

En parallèle, il entre au Conservatoire de Lagny-sur-Marne, fait encore de belles rencontres, et intègre la Compagnie Music-Hall avec qui il jouera de nombreux spectacles de comédie musicale dans la région.

Il se sent rapidement dans une impasse : les métiers qui s’ouvrent à lui ne lui permettront pas d’assouvir sa passion en même temps. Il cherche un job qui lui laisse du temps libre et il se souvient de son désir d’être professeur. Il passe le concours interne de recrutement de professeurs des écoles (CRPE) et l’obtient en 2014.

« J’ai besoin de m’accomplir vraiment »

Pour partir 1 an vivre son rêve, il doit obtenir une disponibilité auprès de l’Education nationale. Yoan ne veut pas abandonner son métier, qu’il aime. Sa demande est rejetée une première fois, mais le jeune professeur-artiste ne lâche rien : il écrit au Président Macron, en argumentant, sur trois pages, qu’en période de crise du secteur public, les mobilités sont autorisées partout sauf chez les enseignants. Il est rapidement contacté par le cabinet de conseil du Président, qui écrit au recteur de l’Académie de Créteil. Le lendemain, la Dasen de Melun (rectrice de l’académie) le convoque à un entretien qui durera 1h30, pendant lequel Yoan a pu expliquer les raisons de sa demande, ses motivations.

Aujourd’hui il est « doublement ravi », il a pu visiter le cabaret où il va jouer pendant un an, « M. et Madame Meyer, les propriétaires sont des gens adorables, j’ai été accueilli à bras ouverts par toute la troupe », se réjouit le jeune homme. « En septembre 2023, je reprends ma place de professeur, en attendant je vais pouvoir vivre mon rêve », conclut Yoan.

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